L’histoire d’une photo n°4

Australie du Sud

Cette semaine j ai choisi de vous faire partager cette photo qui a été publiée dans de nombreux médias français et étrangers.

Cette photographie, présentée sans explications ou légende, pourrait montrer le grand requin blanc dans ce qu’il a de plus terrible et de plus effrayant: un monstre marin capable de s’attaquer à tout ce qui se présente sur sa route y compris un bateau ou une cage.
Pourtant, la réalité est bien différente.

Troisième jour d’expédition.
Depuis le début de notre mission les grands requins blancs sont au rendez-vous ce qui nous permet de mettre en place le programme de marquage par émetteurs objet de cette nouvelle expédition.

Au cours de notre première plongée, nous repérons une grosse femelle non marquée de près de 5 mètres. Décision est prise de lui implanter un émetteur. Après plusieurs tentatives, l’émetteur est posé à la base de son aileron dorsal depuis la plateforme arrière du bateau et ce, grâce à notre lance de marquage.

Il est temps à présent pour 2 de nos plongeurs de se mettre à l’eau pour observer et photographier l’animal dans le but de réaliser une fiche d’identification.

Je profite de leur plongée pour rejoindre ma cage individuelle de surface. Une fois dedans, j’ouvre la porte latérale et je m agenouille pour me stabiliser.

Aujourd’hui nous avons de la chance, la visibilité est bonne et le vent qui soufflait violemment depuis hier soir est retombé nous évitant de nous retrouver dans des cages ballotées par la houle.

Après son marquage, notre femelle a rapidement rejoint les profondeurs. Mais le bruit que nous avons fait en nous mettant à l’eau est suffisant pour réveiller sa curiosité.

Quelques minutes après s’être immergé nous la voyons remonter à la verticale de nos cages et entamer ses rondes autour de nous. Bizarrement, elle ne s’approche pas.

Derrière mon caisson, j’enrage de la voir faire demi tour à chaque fois qu’elle s’approche des cages. Excès de prudence? Manque d’intérêt pour ces drôles de créatures recouvertes de néoprène et enfermée derrière leurs barreaux d’aluminium? À moins que le squale n’ai décidé de jauger de la situation avant de passer à l’attaque? Nous n’allons pourtant pas tarder à le savoir.

Une fois de plus, je la vois s’éloigner dans le bleu puis se repositionner face à la cage de mes 2 compagnons de plongée.

Soudain, sa nageoire arrière se met à battre violemment la surface de l’eau de droite à gauche lui permettant de prendre de la vitesse.

Avant d’avoir eu le temps d’avertir mes 2 collègues de l’imminence de l’attaque, le requin est sur eux.

Je ne peux qu’assister, impuissant, à cette gueule qui vient s’écraser sur les barreaux et à la puissance extrême de ces 2 tonnes qui arrivent à faire reculer la cage contre la plateforme.
L’animal me semble démesuré par rapport à eux!

Le doigt rivé sur mon caisson photo je déclenche et je photographie cette scène surréaliste.

Le soir, Rodney Fox me donnera l’explication de ce comportement que je n’avais, jusqu’à présent, jamais observé:
le requin après avoir été marqué a probablement du vouloir affirmer sa supériorité dans un principe de territorialité.

À aucun moment il n’a mordu la cage ou tenté de revenir à la charge. Signe, s’il en fallait un, que l’intimidation est quelques fois beaucoup plus payante que n’importe quelle attaque pour défendre un territoire.

Tout du moins, avec nous, la technique a parfaitement fonctionné!

Grand Requin Blanc Australie (Carcharodon Carcharias)

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Un commentaire pour L’histoire d’une photo n°4

  1. Marianne CARITEZ dit :

    J’imagine que les cœurs ont du s’emballer en mêle temps qu’une montée accrue d’adrelaïne 😉
    En tout cas une photo impressionnante et magnifique. Merci de nous la faire partager 😉

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