L’histoire d’une photo n°2

L’histoire d’une photo n°2

Australie du sud – Hiver austral. La température de l’eau ne dépasse pas 12°c depuis plusieurs jours.

Ce matin, j’ai demandé à l’équipage d’installer la cage anti-requins proche de la côte où vit une importante colonie d’otaries. Je veux tenter de photographier une scène de chasse. Mais les conditions météo retiennent les otaries sur la terre ferme: le vent est de plus en plus fort, les vagues viennent s’écraser sur les rochers et la pluie est à présent de la partie.

Cela fait une heure que je suis dans la cage. Les pieds coincés dans les barreaux, j’ai ouvert la trappe supérieure et le caisson photo posé sur le bord de la cage juste à la surface, j’attends. J’aperçois l’aileron d’un requin qui fend la surface à quelques dizaines de mètres de moi. Mon instinct me pousse à poursuivre cette attente interminable. Je suis sûr qu’il va se passer quelque chose.

2 heures plus tard, je tremble de froid, mes muscles me font terriblement mal et je commence à avoir le mal de mer à force de subir les assauts des vagues qui transforment la cage en tambour d’une machine à laver.

C’est alors que j’aperçois une otarie plus téméraire (ou plus suicidaire!) que les autres qui se jette à l’eau. Au même moment le requin fait demi tour. L’attaque est imminente. Pour tenter de gagner quelques centimètres, je tiens mon caisson à bout de bras penché au dessus de la surface e l’eau. La gueule du requin sort hors de l’eau au moment où l’otarie arrive à se faufiler entre la cage et les rochers. Le requin est sur moi, la gueule grande ouverte, toutes ses dents prêtent à se refermer sur une proie qui vient, une fois de plus, de lui échapper.

Je retiens mon souffle et je déclenche avant qu’il n’évite la cage et ne disparaisse dans les profondeurs.

© Patrice HERAUD

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